“La créativité, c'est bien plus que simplement créer quelque chose. C’est une façon d’interagir avec les autres. C’est une manière d’affirmer qu’on est en vie.
Il y a 2 grandes phases dans le processus créatif :
une phase ouverte
une phase fermée
1️⃣ La phase ouverte, c’est le moment où on absorbe, où on se nourrit d’idées. C’est comme si on imprégnait son cerveau d’une pensée qui a besoin de mûrir.
J’essaie toujours d’attendre le plus longtemps possible avant d’écrire. De l’extérieur, ça ressemble à de la procrastination : je suis assis sur mon canapé, je regarde des films, je lis, je me promène… Bref, on dirait que je ne fais rien. Parfois, je me dis : "Tu perds ton temps, tu devrais bosser!" Mais en réalité, la procrastination a un but.
J’ai remarqué ces cycles : des périodes de productivité intense, puis d’autres où je reste là, à fixer un mur. Si quelqu’un vit avec moi, il me regarde et me demande : "Mais qu’est-ce que tu fais?" Et je réponds : "Tais-toi, je travaille!" alors que je suis juste affalé sur le canapé, plongé dans mes pensées.
Les idées originales émergent souvent après une longue immersion dans l’univers des personnages, quand on a imaginé chaque détail. Il faut d’abord construire un monde avant de le coucher sur le papier. Quand je commence à écrire, j’ai besoin que l’idée soit déjà presque entièrement formée dans ma tête.
2️⃣ La phase fermée, c’est le moment où l’on se dit : "OK, maintenant, il faut y aller." C’est comme une fièvre qui s’empare de moi, un état où je vis et respire mon projet jusqu’à ce qu’il soit terminé.
Je sais que certains scénaristes imposent des règles strictes : "Il faut écrire dix pages par jour!" Pour moi, oui, écrire est un travail, mais ça doit rester amusant. Si je ne ressens pas l’envie de retourner à mon clavier, c’est peut-être que je me trompe d’histoire.
En ce moment, je me lève vers 6 heures du matin pour écrire. Je ne travaille pas la nuit. Il y a toujours un passage difficile en milieu de journée, et vers 17 heures, je n’en peux plus, je décroche. Mais avant d’arrêter, j’aime savoir exactement ce que je vais écrire le lendemain.
Je n'aime pas me réveiller en me demandant "Bon, je fais quoi aujourd’hui?" Le sommeil joue un rôle aussi. Pendant la nuit, le cerveau continue de travailler. Si je me couche en ayant une direction claire, je me lève souvent avec des idées plus précises.
Toutes les histoires ont déjà été racontées, d’une certaine manière. Mais si on aborde le scénario uniquement comme un moyen de gagner de l’argent, on se ferme à la possibilité d’être vraiment original.
Si on cesse de se demander : "Est-ce que ça va se vendre? Est-ce que ça va plaire? Est-ce que je vais atterrir sur la liste des '10 scénaristes à suivre du Variety'?", alors il devient presque impossible de ne pas écrire quelque chose d’original. Ça ne garantit pas que ce sera bon, mais au moins, ce sera original.
Ce qui compte, c’est d’avoir quelque chose à dire. De vraiment vouloir exprimer quelque chose à travers son travail.
Il faut aussi être conscient du plaisir que procure une histoire. Pourquoi cette histoire vous obsède-t-elle? Moi, ce qui me stimule, c’est de provoquer une émotion unique chez les spectateurs.
J’aime les films existentiels, ceux qui posent la question : "Qu’est-ce que je fais de ma vie?" Quand notre quête de sens entre en collision avec la réalité du monde, on se rend compte que les réponses des autres ne suffisent pas toujours.”
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