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Aperçu

Rares sont les livres photo qui vous bouleversent et vous font cogiter longtemps après les avoir refermés.

L'émotion passe plus facilement au cinéma et en littérature grâce à leur pouvoir de raconter des histoires.

En photographie, c'est plus compliqué.

Dès lors, on imagine mal comment un livre photo réussirait à construire tout un récit autour de plusieurs personnages.

C'est pourtant la prouesse réalisée par Gus Powell avec son Family Car Trouble (littéralement problème de voiture familiale).

Les 940 exemplaires de la première édition sont partis comme des petits pains.

C'était une demi-surprise tant l'ouvrage avait reçu d'éloges. Comme celle d'Alec Soth (allez lire mon article) qui le considère comme le meilleur livre photo publié en 2019. Il dit avoir été impressionné par sa puissance créatrice et émotionnelle.


Bonne nouvelle.

Il vient d'être réédité, et j'ai trouvé un super plan.

Je vous en parle à la fin du mail mais d'abord, je vous raconte de quoi parle l'ouvrage.


1/ Une histoire personnelle

New York, 2015.

Depuis quelques temps, Gus Powell concentre toute son attention sur sa vie familiale. Faut dire qu'avec l'arrivée de ses deux filles et l'annonce de la maladie de son père, ses émotions font le grand écart.

On le comprend dès les premières pages du livre.



Les images peuvent surprendre si l'on connait un peu le travail du photographe. Il s'était fait connaître dans les années 2000 avec des images dans la pure tradition de la photographie de rue.

De type moment décisif.

Powell les appelait « Lunch Pictures » car prises pendant sa pause déjeuner alors qu'il travaillait pour le New Yorker.


Au fil des années, son approche de la photographie de rue avait évolué, devenant plus poétique, comme en témoigne son livre The Lonely Ones sorti en 2015.


Et le voilà, à 40 ans passés, entouré de sa femme Arielle, de ses deux  filles, Townes et Maude, et de son père malade, Peter.


Au fil des pages, on voit les deux petites se promener dans les bois, courir dans la maison et jouer dans la neige.

Elles découvrent le monde tandis que le père voit le sien rétrécir.

Peter est représenté au lit ou assis dans un fauteuil, avec les signes d'une opération à la gorge.


De manière surprenante, les événements de la famille se mêlent à ceux de Jimmy, le surnom du break Volvo 940 Turbo de 1993 qui entre et sort du garage au gré de ses problèmes mécaniques.


Le temps passe tandis que de petites nuances d'émotions sont distillées de manière subtile et honnête.

Ainsi, le joyeux côtoie le douloureux. On a le sombre et le léger, le mouvement et l'immobilité, les cris de joie et les silences.

Seulement visible sur une photo, la présence du photographe se ressent à chaque image. Comme si le livre décrivait son tourbillon émotionnel intérieur.


Et Jimmy en fil conducteur, la voiture dont il faut s'occuper comme un membre de la famille à part entière.

Plus la santé du père se dégrade, plus le photographe semble s'évertuer à maintenir farouchement en vie la bonne vieille voiture familiale.

Il fait face à des choses qu'il peut contrôler et d'autres qui lui échappent complètement.

Ainsi va la vie.

2/ Une histoire universelle

Que l'on soit prêt ou non, la vie continue sans broncher. En fin de compte, il s'agit d'avancer, vers un avenir qui nous est inconnu.


Le photographe arrive à créer une histoire universelle de sa vie personnelle.

Nous nous reconnaissons tous dans l'amour et l'attention qu'il porte à sa famille et sa voiture.

Powell s'éloigne du mélodrame larmoyant. En effet, il ajoute une certaine forme de légèreté en liant l'histoire de la perte d'un proche à celle de sa voiture.

Il arrive à trouver un équilibre qui fonctionne parfaitement.


Ce n'est pas facile d'être capable de regarder une telle épreuve avec douceur.

Il y arrive comme ici avec cette photo qui conclue le livre.

Depuis le siège conducteur, Powell observe ses filles installées sur le capot de Jimmy. L'aînée, les bras ouverts, se penche en avant, comme si elle voulait embrasser le monde.


3/ Une séquence formidable

L'histoire profondément personnelle de Powell est magnifiée par la séquence du livre.

Non seulement le livre est poétique mais il est aussi très bien pensé.

Powell s'éloigne de l'image unique capable de raconter à elle seule une histoire. Ici, la puissance de la narration provient de l'enchaînement des instants de vie.

La séquence, comme le montage au cinéma, génère l'histoire et élève chacune des images en la liant à la précédente et à la suivante.

Les thèmes symboliques du livre que sont la mort, l'enfance et l'inattendu s'entrelacent et construisent l'implacable final.



4/ 22 euros

Quelques exemplaires de Family Car Trouble sont disponibles à la librairie du BAL, dans le 18ème arrondissement de Paris.


Je n'ai pas trouvé moins cher ailleurs : 22 euros.

Il n'est pas disponible sur leur site. Je les ai contactés. Pour le commander en ligne, il faudra écrire un mail à balbooks@le-bal.fr en précisant votre commande et l'adresse de livraison.

Avant de vous laisser, j'ai une petite question.

J'ai deux articles en tête pour les prochains mois. Après c'est un peu flou. Alors je me demande :

📚 Quel livre photo vous a le plus marqué récemment?

Peut-être que vos coups de coeur inspireront mes prochains articles.

À bientôt.

Antoine





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Antoine Zabajewski, 49, Rue du Bois, 92000 Nanterre, France


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