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Temps de lecture : 3 min
Prenez n'importe quel livre photo.
Il y a peu de chance qu'il repose sur une histoire précise.
Pourtant, il parle visiblement de quelque chose.
Mais ce quelque chose est rarement:
Un jour, Marion rencontra Camille. Ce fut le coup de foudre.
La photographie a un pouvoir narratif, c'est palpable.
Mais un pouvoir particulier.
C'est le sujet du jour. |
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Dans le mail aujourd'hui :
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Toute image a un potentiel de récit |
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Prenons un exemple.
Une image issue de mon zine Corsicata (2021). |
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Que voit-on ?
Un homme pieds nus assis sur un petit tabouret.
D'autres détails font penser qu'il se trouve sur un bateau.
Les cordages et la mer derrière.
D'un air appliqué, l'homme montre quelque chose.
Situé hors-champ et en hauteur.
Peut-être dans le ciel.
Manifestement, il se passe quelque chose.
Un événement est en cours. L'homme agit.
Ce n'est pas un paysage inerte. Ni un portrait posé. Ni une nature morte.
Ici, il se passe quelque chose sans que l'on sache de quoi il s'agit.
Chacun peut imaginer ce qu'il y a en dehors du cadre.
Chacun peut imaginer un avant et un après.
Chacun peut imaginer un contexte à cette photographie.
En fonction de sa sensibilité et de ses références.
La photographie incite le spectateur à interpréter ce qu'il voit.
Elle produit des effets narratifs dans sa tête.
Des récits qui proviennent de son imaginaire.
Des récits qui restent seulement potentiels.
Du fait de la nature de la photographie.
Qui fige un instant seulement.
Qui est hors temps.
Sur la même double-page, on a cette image: |
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Que voit-on ?
Une boule à facettes dans un endroit inhabituel et indéterminé.
Le cadrage donne peu d'indices sur le lieu.
À part un bout de toit et une gouttière sur la gauche de l'image. |
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Deux images créent un dialogue |
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Deux photos placées l'une à côté de l'autre créent une connexion.
Un dialogue s'instaure entre elles.
Un dialogue qui peut être même dissonant.
Un dialogue qui se base sur le contenu et/ou la forme de chaque photo.
Revenons à la double-page: |
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Sur la forme :
Les 2 images sont harmonieuses.
La cohérence de la forme introduit l'idée que les deux scènes peuvent se dérouler simultanément.
Sur le contenu :
L'élément pointé par l'homme pourrait être une boule à facettes aux airs de mystérieuse planète.
L'association des deux images convoque des références à la science-fiction chez le spectateur attentif.
Elle crée aussi un sentiment d'étrangeté.
Prolongé par l'invraisemblance d'un lieu unique.
Car la scène de gauche semble se passer sur un bateau, celle de droite sur le continent.
J'ai écrit un article sur mon zine Corsicata et son processus de création. |
| lire l'article |
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La photographie et la narration entretiennent des relations singulières.
On peut dire limitées en comparaison d'un film ou d'un roman.
Ces limites sont autant de contraintes créatives avec lesquelles on peut jouer.
Rendez-vous la semaine prochaine, je vous parlerai du rôle de la narration dans un projet photo, que ce soit un livre ou un zine.
En quoi la narration permet d'articuler toutes les images pour transmettre ce que le projet est censé transmettre.
Raconter une histoire, faire passer un sentiment, développer une idée…
Au fait, ces sujets vous intéressent-ils ?
Dites-moi. |
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Ou le partager.
Bonne fin de semaine.
À jeudi prochain,
Antoine
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Antoine Zabajewski, 1011, Avenue Raymond Dugrand, 34000 Montpellier, France |
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