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Mardi 26 mars. Je vous écris depuis Montpellier où je vis depuis le début du mois.

Jour de pluie infinie aujourd'hui, si bien qu’on se croirait à Paris, voire pire à Bruxelles.

Hé je vous aime bien les Belges. Je me sens bien avec vous qui ne vous prenez pas trop au sérieux, même lorsqu'il drache.

Et la dernière fois que je suis venu, c’était magnifique.

Montpellier est bien moins sauvage, certes. Mais après trois petits tours, la ville me fait plutôt bonne impression.

J’en profite pour lancer une bouteille dans le Lez à ceux qui habitent le coin.

Écrivez-moi si vous avez vent d’un chouette appartement à louer dans le Centre-Est de la ville.

Ou si vous voulez simplement discuter photo autour d’un verre.

C'est sur instagram que je suis le plus réactif.

Passons au sujet du jour.

Le projet photo dont vous allez comme moi devenir accro.

Comment je suis tombé dedans ?

De manière stupéfiante, il n'y a eu aucuns signes avant-coureurs.

J'étais en train de discuter avec un duo de photographes (une entrevue qui paraît dans 2 semaines).

Lorsqu'on me cite Exactitudes comme livre de chevet.

Je n'imaginais pas que cette découverte m'entraînerait dans une faille temporelle les heures suivantes, complètement fasciné par le projet.

C’est ce que l’on va voir.

Dans le mail aujourd'hui : 

• C'est quoi Exactitudes ?

• Décryptage du projet photo

C'est quoi Exactitudes ?

Le projet Exactitudes commence en octobre 1994 par un petit travail de commande.

Ellie Uyttenbroek et Ari Versluis se rendent à Rotterdam aux Pays-Bas pour réaliser un reportage sur les gabbers, les fans de techno hardcore.

Les photographes sont frappés par la ressemblance de tous ces hommes.

Même âge, mêmes vêtements, même attitude.

Dès lors, ils renforcent leur dispositif de prise de vue en demandant aux sujets suivants de prendre une même pose.

Ainsi naît le projet Exactitudes.

Au début, les deux photographes travaillent uniquement dans la ville cosmopolite de Rotterdam.

En 1998, des videurs passent devant leur objectif.

Mais aussi des mamies.

Décryptage du projet Exactitudes

Regardons de plus près.

Chaque portrait est réalisé de la même façon :

• en couleur

• fond blanc

• appareil à hauteur de poitrine

• éclairage homogène

• cadrage américain

Une fois regroupé dans une grille, ces portraits similaires entraînent nos cerveaux à se focaliser sur les différences.

Le type de photographie qui utilise ce mécanisme pour amener le spectateur à s'engager avec des sujets spécifiques, qui sont tous presque identiques, mais en même temps différents, a un nom.

C'est la typologie.

L'exemple le plus connu est fourni par Bernd et Hilla Becher sur les bâtiments industriels.

Revenons au projet Exactitudes.

Il explore la manière dont les gens s'identifient à travers leur style vestimentaire.

Ellie Uyttenbroek et Ari Versluis photographient des personnes appartenant à différents groupes sociaux ou sous-cultures, mais qui partagent un style vestimentaire spécifique.

Ces portraits montrent à quel point les individus au sein de chaque groupe peuvent paraître exactement pareils, d'où le nom "Exactitudes".

"Exactitudes" est la fusion des mots "exact" et "attitudes".

Le projet est une réflexion sur l'identité individuelle et collective de notre société.

D'un côté, les individus agissent pour se différencier des autres et se sentir uniques.

De l'autre, ils désirent ardemment appartenir au groupe.

Le code vestimentaire est le reflet parfait de ce paradoxe.

Le projet a aussi un côté très ludique.

On reconnaît une connaissance voire un proche dans certains looks et postures.

Comme ces “filles du 7ème” arrondissement de Paris, photographiées en 2009.

Ou ces “Jenny d'Enfer” à Bordeaux, en 2006.

Ou encore cette grille intitulée “Corpos”.

Le projet fait souvent sourire.

Notamment par ses titres souvent drôles, ironiques mais jamais cyniques.

À ce jour, 176 grilles ont été créées, comme autant de sous-cultures, toutes visibles sur un même site.

Ou cliquez ici : exactitudes.com

Bon, n'y passez pas la journée ;)

Je vous laisse avec l'une de mes préférées.

La grille 101 intitulée “Famille hollandaise”.

C'est pour toi Maman (je blaaaague !).

Conclusion

Alors Exactitudes, qu'en pensez-vous ? Dites-le moi en répondant à ce mail.

Pour conclure, le projet se décline en un livre régulièrement réédité.

Perso, je l'ai chopé en occasion.

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Je crois au bouche-à-oreille. Chaque petit geste compte.

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Je vous retrouve dans 2 semaines pour une nouvelle entrevue, avec le duo de photographes qui m'a fait découvrir Exactitudes. 

Prenez soin de vous.

Antoine